Les cours dits « d’interprétation » (ces cours où l’on s’entraîne à jouer toutes sortes de répertoires) constitueront la colonne vertébrale de l’enseignement dispensé.
Ces cours seront « pratique », certes, mais « pratique théorique », si l’on ose dire ; pratique programmée, concertée. De la pensée en actes (en «sentiments», dirait Jouvet). Il s’agira de suivre l’enseignement de quelqu’un, et non celui seulement d’une « matière ». L’enseignement, s’il y en a, ne saurait être qu’indirect. Il n’est, pour ainsi dire, que « retombée »… et ne se constitue que de ce que chacun cherche dans le sillage de l’autre. Il n’y aura donc pas, précédant tout travail, quelque chose « d’identifié » que nous nous attèlerions à « apprendre », non, mais nous chercherons, inventerons, et d’avoir inventé, cherché, nous aurons appris.
Le professeur lui-même cherchera, il ne sera pas, encore une fois, détenteur d’un « savoir » (ou alors, si petit !), seulement d’une certaine expérience, d’une singularité aussi, et – surtout – il sera en mouvement. Pour cette quête, cette recherche, il a, certes, besoin d’aide. Ses aides, ses assistants si l’on veut, ce seront ses élèves, qui chercheront avec lui. Sans eux, il ne peut rien trouver. Sans lui, eux non plus. Parce que ces cours sont ceux, par excellence, de l’art de l’acteur, la base aussi bien que la visée de tous les autres, ils ne s’interrompront jamais : sauf période de vacances, chacun les suivra inébranlablement trois fois par semaine, tout le long de l’année, sans discontinuer.
Au-delà de la « situation » comme on dit, ou de l’ « intrigue », ou encore du « personnage », etc., il s’agit toujours, pour un acteur, de prononcer des mots précis dans un rythme précis. Et donc : pourquoi ce mot ? Pourquoi ce rythme ? Et encore : quelle est l’étymologie du mot, son voyage, son usure, sa saveur ?… Notre école proposera des interventions en linguistique, afin que ceux qui auront à fréquenter à longueur de vie les plus grands textes, ceux de Racine, Hugo, Marivaux, Claudel, Beckett, etc. connaissent un peu mieux la langue de ces écrivains – qui est la leur, aussi.
Parce que le théâtre habite, même inaperçus de lui, de nombreux territoires de la pensée, parce qu’il est toujours capital de voir plus loin que les frontières où l’on croit se tenir, parce que ces frontières sontrarement assurées , il sera demandé à de grands écrivains (philosophes, psychanalystes, poètes, savants…) de se relayer dans le cadre d’un cours « tournant » de « pensée » du théâtre pour proposer aux jeunes acteurs, depuis leur propre discipline, des ouvertures de réflexion sur le théâtre et, plus généralement sur tout lieu où « s’ouvre une scène ». Ce qui sera demandé à ces penseurs, ce sera, d’une manière ou d’une autre, de parler de théâtre à nos élèves, bien que leur pratique ne soit pas proche de la leur (surtout parce qu’elle ne l’est pas).Leur façon, peu habituelle pour des acteurs, « tordue » peut-être parfois, de peupler le mot théâtre, de creuser ou de sculpter ce mot depuis de tout autres territoires, a pour but de mettre des mots sur quelques-unes de nos interrogations, et, peut-être, de déplacer nos credos, nos aspirations,…
Possibilité de préparer les concours aux grandes écoles en option intensive (en plus des 9 heures hebdomadaires)
Notre école entend aussi préparer ses élèves à leur insertion dans la vie professionnelle en leur offrant une connaissance élargie aux aspects juridiques et institutionnels des métiers d’acteur, de metteur en scène, de directeur de compagnie ou de théâtre, voire d’auteur.
Les travaux jugés aboutis par les professeurs de notre école seront présentés à des « professionnels » de l’art dramatique comme à des personnalités de tout autres horizons à la fin de l’année scolaire (ainsi qu’à la famille et aux invités des élèves de l’école).
Un laboratoire pour l’acteur
Les outils utilisés en improvisation sont multiples. Ils permettent à l’acteur :
– d’explorer sa créativité de manière approfondie, en inventant des scènes et des dialogues, à partir uniquement des corps et des voix sur un plateau.
– de réagir « à l’instinct » aux stimuli et aux situations auxquelles l’on est confronté.
Existe-t-il un autre lieu que l’atelier d’improvisation pour prendre des risques en toute sécurité ?
Ensemble, nous travaillerons évidemment l’écoute, la spontanéité et la créativité, mais aussi la préparation physique et mentale avant une représentation ou une audition.
« Quand un être ne sait pas parler, essayez de le faire chanter et vous lui trouverez de la voix ; la nature ne boude aucun de ses enfants. »
Le travail de clown nourrit et renforce le travail du comédien.
Nous ne travaillons ni de textes écrits par des autres, ni de personnages loin de nous- mêmes. Tout se base sur ce qu’on ose – nous partageons nos faiblesses, nos échecs, nos erreurs, mais pour en faire des triomphes. Nous inventons tout, nous écrivons nos propres « chefs d’œuvre », dans un esprit dérisoire mais en cherchant de l’authenticité dans chaque geste, chaque parole.
Spécifiquement, ce travail fait avancer :
La complicité avec le public et les partenaires de jeu ; les capacités d’improvisation ; la présence ; la sincérité ; l’importance du corps dans le jeu d’acteur ; la puissance du regard ; la générosité ; l’autonomie ; la compréhension des mécanismes du rire ; et le sens de l’amusement en jouant.
Durant une semaine, chaque acteur travaillera une scène extraite d’une série (recommandée préalablement).
Ce sera ainsi le prétexte à découvrir les particularités de l’interprétation devant cet « œil-loupe » qu’est la caméra.
Certes, il y a là du « jeu » – et, tout en même temps – un certain « bas les masques ».
Comment réussir à peupler de secrets une réplique ? Comment insuffler le vertige de plusieurs possibles, et non pas simplement se figer dans une idée, ou dans la crainte d’une émotion qui serait à atteindre ? Que l’émotion vienne, qu’elle jaillisse, mais alors, dans cette paradoxale maîtrise du lâcher prise. Et comment, alors, provoquer ces « accidents volontaires » ?
Enfin, nous tenterons d’approcher cette notion de liberté depuis les contraintes elles-mêmes, comme une connaissance de soi-même, permettant un chemin de « jeu », d’ « interprétation », propre à chacun.
Trente heures pour travailler avec les stagiaires leur mémoire affective et leur propre vécu à travers des scènes, en autres, de Tchekhov.
Sculpture phare d’Alberto Giacometti, l’« Homme qui marche » est dépourvu de toute identification : il n’a pas d’âge, de sexe, de visage, d’origine. Il est la somme de tous les corps possibles.
Aborder le travail d’un rôle, c’est, au contraire, faire le choix d’une identification.
Cette dernière, en plus du texte, passe par l’analyse de sa propre corporalité. Elle se révèlera comme un élément fondamental de sa singularité et distinguera ce sujet du groupe.
A partir de textes choisis par les stagiaires – extraits de romans, de pièces, de films, d’essais, de poèmes – nous tenterons d‘explorer toute la physicalité de ce rôle : quelle est sa démarche ? a-t-il des tics ? des tocs ? quel âge à son corps ? comment mange-t-il ? comment danse-t-il ?
Par le biais d’exercices de plateau et de réflexions collectives, nous allons mettre en marche le propre corps de votre sujet de jeu.
Il s’agira de développer sa créativité, son imagination, être au plus proche de ses émotions afin de nourrir les différentes facettes de cet « énergumène ».
Une fois cette singularité trouvée, le travail sera axé sur la mise en mouvement de tous ces corps dans un ensemble.
Des contextes de jeu (à définir) seront nos principaux appuis de mise en groupe : scène de bal, repas de famille, enterrement, mariage etc…
Le travail de ces scènes d’ensemble visera à chercher par le mouvement, la chorégraphie ou encore le son , comment des corps si singuliers deviennent un seul corps.
Semblable à la figure de Giacometti universelle et intemporelle, l’on tendra à façonner un seul
Homme avec un grand « H » comme reflet de notre propre humanité .